« Plante sauvage parente d’une plante alimentaire » juin 1, 2017 – Posted in: Tous les Projets – Tags: ,

 Et si l’importance des plantes était majeure pour l’humanité?

Le manque de compréhension de l’importance de la diversité génétique des plantes alimentaires a déjà coûté des millions de morts. On réalise de plus en plus que la biodiversité existante peut encore éviter les mêmes catastrophes.

Peu de gens le savent mais l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture a un département spécial qui travaille d’urgence à préserver les sources génétiques de nos plantes alimentaires. Le danger de les perdre apparaît en effet avoir de plus en plus de conséquences pour l’espèce humaine.

Cette dernière s’est étendue de façon exponentielle car elle a pu maîtriser l’agriculture et la sélection des plantes les plus productives en termes de rendement à l’hectare.

La première limite dans l’agriculture moderne est probablement apparue au milieu du XIXème siècle quand le mildiou, une maladie inconnue à l’époque en Europe, a décimé les plantations de pommes de terre qui étaient l’aliment de base de l’époque. Ce mildiou a provoqué la famine et la mort de plus d’un million de personnes en Irlande, ainsi que l’émigration de plus de deux millions d’Irlandais.

La chimie est arrivée avec ses pesticides au 20ème siècle et les agronomes ont alors pensé qu’ils résoudraient dorénavant tous les problèmes de ce type en pulvérisant des produits chimiques sur les plantes alimentaires. Ils pensaient pouvoir contrôler la Nature.

Le mildiou (Phytophthora infestans) puis d’autres pathologies ont cependant montré une grande diversité génétique et, à chaque fois, leur capacité à s’adapter aux traitements chimiques et à devenir résistants.

Les agronomes sont finalement repartis au Mexique, terre d’origine de la pomme de terre, pour y chercher des variétés résistantes naturellement à ces infections. Les mêmes problématiques et solutions sont apparues sur le maïs aux Etats-Unis.

Bien sûr le sujet est complexe, et il faut reconnaître que les agronomes devaient répondre d’urgence aux besoins humains sans comprendre encore l’importance de la biodiversité. Quoi qu’il en soit, à l’heure actuelle, les scientifiques comprennent de plus en plus que la biodiversité est vraiment le réservoir crucial des résistances aux maladies. C’est d’autant plus important que le changement climatique a de nombreuses conséquences dans certaines zones et il menace gravement l’avenir de certaines cultures qui n’y ont pas été préparées.

128 scientifiques de 12 pays ont contribué à la dernière édition de « La situation des plantes sur la planète » éditée par les Jardins Botaniques Royaux de Kew en Angleterre.

On y apprend que 1730 espèces nouvelles de plantes ont été décrites en 2016, auparavant inconnues de la science. Dans ce cadre, une attention particulière semble enfin avoir été apportée aux plantes sauvages dites parentes des plantes alimentaires ; ces plantes sauvages comme la pomme de terre originaire du Mexique qui a permis de faire des hybrides avec les pommes de terre irlandaises, évitant ainsi des centaines de milliers de morts.

A Madagascar, les chercheurs ont dénombré 11 138 plantes dont 83% ne se trouvent nulle part ailleurs sur la planète. La moitié de ces espèces sont menacées de disparition, principalement parce que les populations locales sont tellement pauvres qu’elles n’ont pas d’autre choix que de mettre le feu à ce patrimoine forestier crucial pour l’humanité, afin de cultiver leur riz, même avec des rendements dérisoires.

Une nouvelle espèce de café à gros grain qui résiste jusqu’à des températures de plus de 40°C a été découverte à Madagascar en 2016. La plupart des plants en culture ne résiste pas à l’augmentation des températures mondiales, ne serait-ce que de 1 ou 2°C. Cette plante sauvage – proche des plantes alimentaires – pourrait sauver une filière économique cruciale pour des millions de pauvres.

L’ONG L’Homme et l’Environnement, soutenue par le programme Net Positive Impact, a porté attention à ce sujet il y a près de 10 ans sur le site de Vohimana, et un jardin botanique in situ y a été créé pour des espèces menacées, mais aussi pour des espèces dont la génétique pourrait être cruciale pour sauver des cultures. Quelques spécimens d’un bananier qui ne porte pas de fruits, mais qui est justement certainement une espèce très ancienne, sont préservés précieusement à l’orée de la forêt de Vohimana. Ils le sont au cas où les chercheurs en auraient besoin dans les années à venir pour faire face à de probables drames liés aux monocultures intensives.

* Olivier Behra, a fondé en 2001 la réserve expérimentale de Vohimana pour préserver sa biodiversité unique au monde et plus récemment le programme Net Positive Impact pour aider à ce que le plus grand nombre puisse participer chacun à son niveau à la préservation de notre patrimoine naturel planétaire.