Le Burkina Faso bannit le coton Monsanto… Et après mai 15, 2017 – Posted in: Burkina Faso, Burkina Faso - Corridor des Éléphants - Karité – Tags: ,

Le coton OGM, introduit au Burkina Faso en 2009 par la multinationale américaine Monsanto, n’a pas été la solution miracle espérée pour lutter contre les attaques des ravageurs. Il a surtout nui à la qualité et à la réputation du coton burkinabé.

Le coton burkinabé est reconnu comme étant le meilleur du monde du fait de sa fibre exceptionnellement longue.

Le coton bio permet de ne pas exterminer les abeilles et de préserver les arbres à karité alentours

Une variété OGM a été introduite massivement par Monsanto avec moult promesses, mais au lieu d’être la solution miracle, la variété OGM commercialisée a provoqué une dégradation dramatique de la qualité du coton burkinabé. Le travail sur les machines de tissage est beaucoup plus efficace avec les fibres longues. Or, le coton OGM de Monsanto entraîne, d’année en année, une réduction progressive de la taille de celles-ci.

Le développement de nouveaux champs de coton se fait au détriment d’un gros coût environnemental

Cet échec a été sanctionné par le gouvernement burkinabé, qui a officiellement changé de stratégie.

Pour comprendre les raisons de l’engagement qui avait été pris avec Monsanto, il faut revenir quelques années en arrière, en 1996. L’Afrique de l’Ouest est alors touchée par une invasion massive de chenilles qui résistent aux pesticides. En 1998, nouvelles difficultés avec la mouche blanche qui provoque d’importants dégâts.

En 2000, le Burkina Faso décide donc de faire appel à Monsanto, le coton étant un secteur très stratégique pour le pays avec 4% du PNB et près de 2/3 des bénéfices d’exportation. L’introduction du coton transgénique a été très certainement efficace au début en terme de rendement agricole alors que le gouvernement se devait d’agir, de nombreuses familles dépendant du coton pour leur survie.

Les jeunes hommes ont peu d’opportunités économiques.

L’introduction du coton OGM au Burkina Faso ne s’est cependant pas faite en toute transparence et les erreurs se sont succédées. Le contrat avec Monsanto promettait une solution immédiate contre les attaques d’insectes mais rien n’était stipulé sur la longueur de la fibre. La déception est grande chez les scientifiques du pays et l’introduction de ce coton OGM s’avère être un gigantesque fiasco agro-industriel qui a déstabilisé toute l’économie agricole du Burkina Faso. Un arrêt du coton OGM a donc été décidé en avril 2016.

Cette décision s’avère être bénéfique pour les producteurs de coton burkinabés. Non seulement les récoltes sont maintenant bonnes mais en plus le coton est d’excellente qualité et se vend plus cher.

 

Le développement du coton est extrêmement destructeurs dans le sud du Burkina Faso

Outre l’immaturité des OGM industriels, cet exemple nous apprend l’incohérence des approches avec les OGM est le risque que représentent les monocultures. Les chiffres présentés par les vendeurs de semences et de pesticides sont attirants, en particulier quand les capacités d’investissement sont drainées par des intérêts économiques à court terme.

Il y a d’énormes richesses végétales naturelles au Burkina Faso mais elles ne présentent pas d’intérêt pour les industriels internationaux. Le karité est le deuxième produit d’exportation agricole après le coton (mis à part le bétail) et malheureusement, dans de nombreux endroits, le développement des plantations de coton se fait au détriment de cette ressource. C’est dramatique car on ne prend pas en compte les externalités dans ces choix. Le coton est produit avec d’importants apports de pesticides et d’engrais chimiques coûteux pour le pays. Il détruit toutes les autres espèces, émet du CO2, pollue l’eau et menace la santé humaine, etc.

Le développement du commerce du karité offre à l’opposé la possibilité de valoriser d’autres espèces sur les mêmes surfaces agricoles, capture du CO2, protège les ressources en eau, ne demande pas d’engrais chimiques, etc. Espérons que les dirigeants et les paysans prendront bientôt conscience de ce fait et qu’ils aideront à promouvoir la valorisation des ressources agricoles qui préservent l’environnement mondial.

Un autre exemple du manque de réflexion en la matière nous vient du Bénin où les maraîchers utilisent à outrance les pesticides chimiques. Ces pratiques sont susceptibles de causer des dommages sanitaires aux consommateurs. Les légumes sont souvent traités avec des pesticides recommandés pour les cultures cotonnières mais non pour les cultures maraîchères, et les dosages ainsi que les fréquences de traitement dépassent les recommandations.

Les pouvoirs publics se doivent de réagir en appliquant des sanctions contre les distributeurs de pesticides prohibés et en contrôlant la qualité des légumes récoltés avant leur acheminement vers les marchés.