Les terres africaines vont nourrir bien plus que les Africains, mais attention danger ! mai 11, 2017 – Posted in: Éléphants, Burkina Faso, Cameroun, Kenya, Madagascar, Senegal, Tous les Projets – Tags: , , ,

« Nous devons voir la conservation non pas comme un coût à supporter mais plutôt comme un investissement pour notre propre survie ».

Les Nations Unies mettent en garde contre une tendance dangereuse de transformation des terres africaines.

Erik Solheime, le directeur du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, vient de faire un discours alarmant sur les tendances à transformer l’Afrique en une ferme alimentaire géante.

Il n’y a encore «que » 1,2 milliard de personnes en Afrique. Si ce n’est le retard de développement, il y a largement de quoi nourrir tout le monde en termes de terres agricoles. Il y aurait également suffisamment pour les 4 milliards d’habitants que le continent abritera probablement à la fin du siècle. L’Afrique est entreprenante et sa croissance reste bien plus forte que celle de l’Europe. Le potentiel économique des ressources naturelles africaines est très important.

Il y a cependant un danger immédiat, celui de l’extension rapide et à grande échelle des monocultures qui se développent actuellement à l’aide de grands financements internationaux. La Chine par exemple entend bien utiliser les surfaces africaines pour nourrir sa population qui manque de terres.

Le modèle des monocultures rentables à l’international est généralement simpliste et souvent deux fois moins productif que des parcelles individuelles. Le deuxième problème est que, pour justifier de gros investissements, il faut avoir de très grandes parcelles de terre. Les implantations se font pour le moment sans aucune considération des besoins de la faune sauvage ni de la diversité biologique (y compris les centaines de plantes non encore exploitées qui sont susceptibles de donner des médicaments).

Cette vision à court terme sans considération des autres opportunités, si elle se poursuit, détruira probablement 30% des habitats actuels des éléphants qui auraient pu être préservés en agissant différemment.

Les zones où les communautés locales sont bénéficiaires prioritaires des programmes de développement montrent que les économies vertes inclusives sont moteurs d’amélioration des conditions de vies sur place, avec des potentiels d’amélioration pendant des décades. De plus, cela se ferait en préservant les habitats naturels indispensables à la faune sauvage.

Il ne s’agit pas du tout d’empêcher de grands investissements, mais bien de penser comment ils peuvent tenir compte à la fois des besoins à long terme et des opportunités de conserver des habitats naturels, cruciaux pour l’humanité et la faune sauvage.

Des exemples serviront certainement les décideurs politiques à mettre l’accent sur cette vision durable, profitable pour tous, qui est à adopter d’urgence.

Le programme de maintien du corridor forestier pour les éléphants, entre la réserve de Nazinga et le Parc National de Kaboré Tambi, s’inscrit dans le cadre de démonstrations de ce type. Les habitats naturels sont actuellement détruits pour faire place à des plantations de coton ou de sésame, car les populations locales ou les industriels ne savent pas valoriser les autres ressources naturelles dans leurs modèles économiques actuels.

Les potentiels sont tellement importants dans cette zone qu’en améliorant la chaîne de valeur du karité et en aidant à la diversification des productions agricoles, les terres rapporteront au moins 50% de plus, tout en préservant les potentiels d’innovation et de valorisation d’autres espèces. Et les habitats cruciaux pour la faune sauvage seront également préservés.

Le défi est d’aller vite pour montrer la viabilité de ces exemples, avant que les terres africaines ne soient trop accaparées par des visions économistes extérieures aux contextes locaux de développement durable.

Vous pouvez suivre ce projet : http://netpositiveimpact.earth/projects/?post_id=1913

We have to see conservation not as a cost or a burden, but rather as an investment in our own survival

https://www.theguardian.com/environment/2017/may/06/the-end-of-wild-elephants-why-we-must-not-let-africa-become-one-giant-food-farm?CMP=Share_iOSApp_