Le marché du travail en Afrique sub-saharienne face à l’explosion démographique des jeunes. mai 1, 2017 – Posted in: Uncategorized – Tags: , , , ,

Les nombreux jeunes qui vont arriver au cours des décennies à venir sur le marché du travail africain constituent une source potentielle de croissance pour le continent. 

Il est important d’anticiper cette arrivée massive et d’exploiter ces opportunités, sinon l’explosion démographique des jeunes risque d’augmenter les tensions sociales et les taux de chômage.

Le taux de fertilité de l’Afrique sub-saharienne est relativement élevé avec 5 naissances par femme (Banque mondiale, 2014), alors qu’il est estimé à 2,5 naissances par femme au niveau mondial. La tendance est à la baisse et la plupart des pays africains se trouvent dans une phase de transition démographique. Mais il y a de grandes disparités entre pays : le taux de fertilité est de 5,7 au Nigeria, 5,9 au Mozambique et 2,4 en Afrique du Sud.

Par conséquent, l’Afrique sub-saharienne est confrontée à une augmentation de sa population en âge de travailler qui va passer de 466 millions en 2013 à 793 millions en 2030. Cette population va devoir faire face à des taux de chômage et de sous-emplois élevés et à de faibles revenus salariaux. Le taux de chômage des jeunes est quatre fois plus important que le taux de chômage cumulé. Au Nigeria par exemple, 45% des jeunes sont au chômage.

Ces difficultés sont dues à des facteurs liés à la fois à l’offre et à la demande. En ce qui concerne l’offre, il y a un grand décalage entre les compétences recherchées et celles acquises par les jeunes demandeurs d’emplois. Les opportunités de croissance et d’expansion sont limitées par le manque d’accès au financement des jeunes (en particulier les jeunes femmes).

La croissance des créations d’emplois connaît un très grand retard par rapport à la croissance démographique, d’où des taux de chômage historiquement très élevés chez les jeunes. Il y a également le problème des coûts élevés de la formation et de la recherche d’emploi. Par conséquent, la durée moyenne du chômage augmente.

Face à ces défis, les décideurs politiques se doivent d’agir pour développer les opportunités d’emplois pour les jeunes.

Tout d’abord, il est nécessaire d’instaurer un plus large accès à l’éducation pour former des travailleurs qualifiés, avec davantage de réussite scolaire au niveau du secondaire et un plus fort taux de transition du lycée à l’université. Il faut également rétablir les universités techniques, réduire les coûts et les obstacles de l’éducation tertiaire et transformer les cursus pour qu’ils soient mieux adaptés au marché du travail.

Les objectifs d’emploi pour les jeunes doivent s’inscrire dans le cadre d’une croissance économique et d’une transformation structurelle impressionnante à laquelle il faudra s’adapter au fur et à mesure.

Le secteur informel devra inévitablement se structurer mais, vu le très grand nombre d’acteurs qu’il comprend à l’heure actuelle, il faudra certainement aux dirigeants africains de la créativité par rapport aux systèmes occidentaux existants.

L’agriculture à faible valeur ajoutée doit être supprimée en priorité. Les modèles agro-forestiers et ceux à cultures mélangées, par opposition aux monocultures extensives, ont incontestablement de très forts potentiels en Afrique, en particulier grâce à leur capacité à nourrir des populations à partir de petites parcelles individuelles.

Les accès au crédit pour améliorer la performance des entreprises devront également être novateurs pour compenser les lacunes structurelles existantes, mais surtout pour encourager les entreprenariats à fort impact social et environnemental.

Il est en effet d’importance majeure de prendre en compte la biodiversité et les ressources naturelles qui peuvent permettre à l’Afrique de rattraper son retard, en se démarquant des économies classiques polluantes et non durables.

Il faut également que les pays de l’Afrique sub-saharienne puissent fournir des biens publics corrects, tels la scolarisation, l’infrastructure et le transport en considérant des approches qui lui permettront de préserver ses richesses naturelles pour les mettre en valeur durablement. Pour les pays les plus avancés dans leur transition démographique, il y a nécessité de mettre l’accent sur leurs régimes de retraites et leurs prestations de santé.

Les opportunités de la croissance et les structurations majeures à mettre en œuvre doivent aussi permettre aux Africains de mettre plus rapidement en avant la place des femmes, dans le cadre d’économies intelligemment dirigées vers l’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre et la prise en comptes des contraintes d’éducation.

L’Afrique sub-saharienne doit pouvoir tirer parti de l’incroyable force de développement que représentent tous ses jeunes. Les modèles politiques post coloniaux doivent inévitablement changer, mais beaucoup reste à inventer pour répondre, non pas uniquement aux besoins des élites, mais aussi pour faire émerger des leaders locaux intègres.