Madagascar – Tsaramandroso, Saro décembre 22, 2016

Une huile essentielle produite par les communautés locales pour soutenir la protection des lémuriens menacés du Parc national de l’Ankarafantsika.

Les forêts sèches de l’Ouest de Madagascar sont uniques au monde. Ce fut la raison de la création du Parc National de l’Ankarafantsika. Il compte parmi les habitats du sifaka, le célèbre lémurien danseur de Madagascar. D’autre part, 129 espèces d’oiseaux peuvent y être observées dont 75 ne se trouvent nulle part ailleurs que sur la grande île. On y trouve également 823 espèces de végétaux avec un taux d’endémicité atteignant plus de 80%. Le Saro compte parmi elles. Il s’agit d’une plante de la pharmacopée locale dont les extraits possèdent des propriétés médicinales hors du commun.

La pauvreté extrême des populations environnantes, face à l’intrusion d’immigrants venant d’autres régions et aux pressions provoquées par les trafics mêlés de corruptions, ne leur permet plus de maintenir un mode de vie traditionnel respectueux de l’environnement.

La valorisation du Saro dans les zones périphériques du parc semblait être une des solutions qui aurait permis aux populations locales de tirer des bénéfices économiques de leur environnement. Certaines variétés du Saro ne se trouvant que dans l’Ankarafantsika, il a été décidé de chercher comment aider les communautés locales à en produire et à le valoriser sur des marchés porteurs. Cette démarche permettrait de motiver les natifs de la zone dans l’exigence du respect de leurs ressources forestières.

Mettre au point une production d’huile essentielle pour ses propriétés thérapeutiques et cosmétiques prend un temps considérable. C’est l’essentiel des travaux dans lesquels se sont associés les équipes de recherche professionnelles de l’entreprise Yves Rocher, du Centre International de Recherche Appliquées pour le Développement (CIRAD), de l’Université de Rutgers, aux Etats Unis et celle d’Olivier Behra depuis l’année 2003. 4 types chimiques très différents de l’huile essentielle ont été ainsi identifiés. Les producteurs ont été alors formés au sein même de la forêt pour reconnaître à l’odeur les différents types de Saro. Ils ont pu bénéficier de l’installation d’une petite unité de distillation et de séances de formations pour son exploitation.

Une nouvelle aventure a démarré après une phase intermédiaire de quelques années, marquant l’aboutissement des travaux de recherche. Une équipe de femmes malgaches, ayant fait partie des anciennes équipes de recherche est à l’initiative de la reprise du projet en 2016, notamment par le biais du renforcement des capacités acquises par les producteurs. Les choses avancent et des partenaires engagés se joignent au projet. Il faut ainsi s’atteler à promouvoir une production saine et durable et accompagner ainsi les producteurs dans la phase de commercialisation.

Car en termes de valorisation de produits naturels, le potentiel de soins à partir du Saro pour les humains est incroyable. Le travail consiste maintenant à défendre cette valeur sur le marché international et à accompagner les communautés vivant dans la forêt pour qu’elles tirent un juste bénéfice de cette plante.

Si elles peuvent exploiter le Saro durablement ce sera l’ensemble de la forêt qui sera protégée !