Cambodge – Veun Sai – Siem Pang – Dipterocarpus alatus décembre 16, 2016

Soutenir les membres des communautés de Veun Sai – Siem Pang pour qu’ils puissent connaitre leur droits et les défendre face aux menaces qui pèsent sur leurs territoire et les espèces qui  vivent.   

La zone de Veun Sai – Siem Pang, au Cambodge, est une zone contiguë au Parc National de Virachey, le plus grand parc d’Asie du sud-est. Elle comprend 55.000 hectares de forêts primaires dans lesquelles cohabitent le tigre d’Indochine et d’autres espèces également menacées tel que l’éléphant d’Asie, la panthère nébuleuse ou encore le crocodile du Siam.

Des activités de chasse illicite pour fournir les marchés chinois existent dans ce site mais les plus gros problèmes viennent du trafic de bois précieux. Les trafiquants, s’ils ne se servent pas directement dans la forêt, paient une misère les villageois pour acheter le bois et se font de grosses marges.

Bien que les surfaces forestières restent importantes, les populations locales dans leur grande majorité veulent défendre leurs droits à vivre sur leurs territoires ancestraux. Peu lettrées et sans ressource financière, elles n’ont pratiquement aucun moyen d’agir effectivement dans ce sens. L’engagement de l’ONG Poh Kao est impressionnant. Aux côtés des populations locales, elle a créé une dynamique hors du commun pour rendre leurs droits aux communautés et assurer la gestion durable des forêts.

Les premières actions qui ont été engagées l’ont été pour :

  • aider les communautés locales à défendre leurs droits sur leur forêt pour pouvoir la gérer durablement ;

  • fournir un soutien pour l’amélioration des conditions de vie des populations locales par l’amélioration des productions agricoles et forestières durables ;

  • soutenir le développement durable par des actions d’éducation à l’environnement.

Se rendre sur le site est une aventure en soi. Trajet en bus pour rejoindre le nord du pays puis en petites motos de la base de l’ONG Poh Kao au site lui-même. La route est poussiéreuse et glissante mais l’aventure est fascinante. Les habitants de la zone connaissent la forêt parfaitement. Chantal RAKOTOARISON, une biochimiste de Madagascar qui mène des travaux de recherche sur des actifs cosmétiques a accompagné Olivier sur le site en 2012 dans le cadre du programme qu’ils ont promu avec Man & Nature. Tous deux ont été fascinés par la richesse de la flore locale et de ses potentiels. La forêt est tellement reculée que les challenges pour sa protection sont grands mais le dévouement de Véronique, fondatrice de Poh Kao, envers les communautés locales est exemplaire pour tenter de les relever au mieux.

Il faudra encore travailler dur. Aussi, il a été évident pour le Programme Net Positive Impact d’éprouver le besoin de soutenir ces communautés sur le long terme. Car au rythme actuel des choses et sans l’adoption de mesures adéquates, le scénario le plus probable est de raconter aux générations à venir  que « Dans le temps il y avait des gens au Cambodge qui vivaient avec des tigres et des éléphants autour d’eux, dans les forêts. Ils étaient très pauvres. Nous avions internet, mais parce qu’ils étaient loin nous avons laissé disparaître leurs langues et leurs cultures et laisser disparaître les derniers refuges de ces incroyables animaux qu’ils auraient pu préserver avec un tout petit peu d’aide».

A ce jour, Poh Kao a effectué un travail impressionnant axé sur le maraîchage et le petit élevage : 1.800 kg de semences de légumineuses ont été distribué à 320 familles, 800 graines de riz jasmin à 125 bénéficiaires et près de 5.000 animaux ont été vaccinés. Des actions qui se sont avérées cruciales pour le quotidien des communautés locales. Par ailleurs,  plus de 600 villageois ont été sensibilisés à l’environnement avec un programme  spécifique destiné aux enfants qui s’est fait au niveau des écoles villageoises. Enfin dans le cadre des problèmes graves et immédiats, Poh Kao a réussi non seulement à faire obtenir un statut de conservation pour la zone mais aussi à  contribuer grandement dans la lutte contre les trafiquants de bois (voir article dans Le Monde).

La valorisation des plantes locales reste à exploiter. Une première étape a été faite : pour assurer la défense des droits des communautés sur leurs ressources, il a été réalisé en amont un énorme travail de reconnaissance des connaissances des communautés locales sur les plantes médicinales. Ce savoir a été compilé dans un livre édité avec le soutien de Man & Nature, pour que les communautés puissent se défendre, si besoin est, contre toute tentative d’appropriation de propriétés de plantes que leurs ancêtres avaient déjà découvertes.

Une variété spécifique de résine locale a été identifiée comme ayant un intérêt. Il s’agit du Dipterocarpus alatus. Elle est déjà exploitée localement mais il faudrait poursuivre le travail d’organisation de la filière pour qu’elle puisse effectivement permettre aux communautés locales de défendre ces arbres impressionnants de majesté.